Election cantonale partielle à COLOMBES Nord-Ouest : rien de nouveau... pour l'instant !

Publié le par Olivier CAMPS-VAQUER

Cela faisait un petit moment que je n'étais pas intervenu sur le net... Et je n'allais pas laisser passer une élection locale sans réagir. J'aimerais donc vous livrer quelques observations "en vrac" :

1°) Rappelons d'abord pourquoi il y a eu élection partielle. Philippe SARRE avait été élu en 2004 conseiller général du canton de COLOMBES NORD-OUEST. Son mandat devait normalement s'achever en 2011. Mais, pendant la campagne des Municipales, il prit l'engagement de démissionner de cette fonction de conseiller général s'il accédait au poste de Maire de COLOMBES. Devenu Maire, il était attendu au tournant sur ce point. Il démissionna au mois de décembre 2008 d'où l'élection partielle de ce mois de mars 2009. Bien entendu, je respecte les raisons qui ont conduit Monsieur SARRE à prendre cet engagement puis à l'exécuter, même si je ne les partage pas. Je voudrais juste ajouter que les électeurs du Canton de COLOMBES NORD-OUEST avaient cru en 2004 élire leur conseiller général pour un mandat complet. Et Monsieur SARRE n'avait pas, à l'époque, averti les électeurs qu'il pourrait être amené à démissionner de son mandat de conseiller général dans telle ou telle circonstance. Ce qui signifie donc que, pour respecter son engagement de candidat à la Municipale 2008, il a dû rompre son engagement de candidat à la Cantonale 2004... Ce qui laisse songeur sur la valeur toute relative que certains politiques accordent à leurs divers engagements successifs parfois contradictoires : c'est selon !...

2°) On peut comprendre qu'une élection cantonale partielle puisse ne pas passionner les foules : absence de battage médiatique, absence d'enjeu apparent... Sur ce dernier point, on sait de toute façon que, quelle que soit l'issue du scrutin, la Majorité départementale restera UMP. On sait aussi que ce canton est traditionnellement ancré à gauche et qu'il faudrait un très fort bouleversement visible à l'oeil nu pour que les lignes bougent. Et puis, je ne suis pas vraiment sûr que le citoyen "lambda" s'y retrouve dans le maquis électoral de notre millefeuille institutionnel Faites un sondage dans la rue : pas sûr que tout-le-monde sache qu'il y avait une élection dimanche dernier, ni même ce qu'est un conseiller général... Lorsque l'élection cantonale est couplée avec l'élection municipale (ce qui est le cas pour les cantons de COLOMBES SUD et de COLOMBES NORD-EST), la participation à la cantonale est à peu près identique (en tous cas comparable) à celle de la Municipale (la 1ère étant l'accessoire de la 2ème). Mais lorsque l'élection cantonale est doublement déconnectée à la fois d'une élection municipale et d'une actualité à l'échelle nationale, elle devient nettement moins lisible et donc moins sexy... Et puis la crise est là : crise financière, économique, sociale... L'heure est à une certaine morosité teintée de grande incertitude sur l'avenir. On reviendra sur cette crise dans d'autres articles. Ce qu'on peut d'ores et déjà dire, c'est que les politiques (droite et gauche réunis) ne donnent peut-être pas l'impression de fournir des réponses suffisamment pertinentes et rassurantes. Et que dans un tel contexte, l'abstention peut signifier l'expression d'une certaine désaffection à l'égard d'une classe politique jugée (sans doute à tort) impotente voire incompétente. Tout cela pour dire que le taux d'abstention de près de 79% constaté dimanche dernier lors du 1er tour, bien qu'énorme, n'était, à dire vrai, pas si surprenant que ça...

3°) Le résultat constaté dimanche dernier n'est finalement pas si différent de celui de la Cantonale 2004 et de la Municipale 2008. Le candidat socialiste Bernard LUCAS, soutenu par Philippe SARRE, enregistre un peu plus de 30% et confirme la suprématie des Socialistes sur la Gauche colombienne au détriment des Communistes. Ceux-ci, avec 22% des voix (ce qui n'est pas si mal), se voient une fois de plus infliger une défaite dans ce canton qui, rappelons-le, avait été "tenu" jusqu'en 2004 et depuis très longtemps par un apparatchik du Parti Communiste (Pierre SOTURA). L''UMP, quant à elle, représentée par Lionnel RAINFRAY, après une campagne pourtant très dynamique de porte-à-porte intensif, sauve les meubles en enregistrant quasiment autant que le candidat socialiste. Avec un MODEM à un peu moins de 6%, le rapport de forces gauche-droite reste à peu près le même qu'à la Cantonale 2004 et qu'à la Municipale 2008 dans ce canton. Rien d'étonnant à cela si l'on rapproche ce résultat du taux d'abstention record. L'électeur qui choisit délibérément de se déplacer pour aller voter ce jour-là est naturellement plus politisé que la grande masse de ceux qui s'abstiennent. Plus politisé, il est souvent plus ancré dans un camp politique (Droite ou Gauche). Les électeurs "mouvants" (ceux qui peuvent basculer d'un camp à l'autre, et qui donc peuvent faire basculer une élection) n'étaient pas là. Aucun changement n'était donc à attendre d'un jeu électoral entre électeurs plus politisés.

4°) Je voudrais juste ajouter que si l'abstention a autant frappé la Droite que la Gauche, cela représente malgré tout une petite performance pour la Droite. Celle-ci, trafditionnellement moins organisée, moins ancrée, moins présente dans ce canton, aurait dû subir une abstention plus forte que la Gauche. Et donc, normalement, avec ce taux d'abstention record, le rapport de forces Gauche-Droite aurait dû davantage peser en faveur de la Gauche. Le fait précisément qu'il se maintienne par rapport à la Municipale, voire qu'il s'améliore en faveur de la Droite (le 2ème tour n'est que dimanche prochain) montre que la Droite a su, au cours de cette campagne très courte, mobiliser une partie de ses électeurs de la dernière Municipale. On observe d'ailleurs une étroite corrélation entre le taux de participation et le résultat obtenu par le candidat UMP. C'est dans les bureaux où la participation a été la plus forte que le candidat UMP a enregistré ses meilleurs résultats.

5°) Au fond, quel sens donner à cette élection cantonale partielle ? On sait que, quel que soit le nouvel élu, son mandat ne durera qu'au maximum 2 ans. En effet, en 2011, ce canton sera de toute façon renouvelé. Cette élection partielle n'est donc que le point de départ d'une longue campagne de 2 ans au cours de laquelle des lignes pourront bouger. Et puis, même si la majorité départementale ne sera pas changée, il faut aussi souligner que les 3 conseillers généraux de COLOMBES ont une influence politique non négligeable à l'échelle de la commune. Leur rôle se joue dans un rapport de proximité différent. Car eux aussi ont reçu l'onction du suffrage universel. Ils peuvent donc jouer le rôle de contre-pouvoir en face du Maire. Lorsque Madame GOUETA était Maire, il y avait 2 conseillers généraux de gauche pour 1 de droite. Ne serait-il pas intéressant, équitable et sain qu'alors que la Ville est désormais dirigée par un Maire de Gauche, il y ait désormais 2 conseillers généraux... de Droite ?Et puis, un an après la Municipale 2008 (ce sera encore plus vrai dans 2 ans), ne conviendrait-il pas d'adresser un message fort au nouveau Maire pour lui témoigner des préoccupations des citoyens sur la sécurité, sur le logement, sur la propreté, sur le transport, etc ?

On n'a donc pas fini de parler du Canton de COLOMBES NORD-OUEST qui, j'en suis convaincu, réservera tôt ou tard bien des surprises...

Publié dans Politique locale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Olivier, j'en reviens au point 5. Certes, au niveau local, il y a des « sociologies » électorales qui font que certaines zones à gauche le restent durablement et inversement, mais rien n'est inéluctables. Exemple à Issy les Mx où un PC trop longtemps au pouvoir a laissé place à un UDF « modéré », Santini, qui a su très durablement à son tour ancrer son électorat à droite. Inversement à Paris, pourtant de moins en moins « populaire », mais où un électorat « bobo » (c'est un résumé caricatural) se reconnaît dans des valeurs plus à gauche qu'autrefois. Aussi, votre espoir de conquérir un jour le canton N-O ne paraît pas irréaliste ; de même qu'au PS, on espère un jour ébranler la forteresse du CG92. (Neuilly, ça sera dans une autre vie !)En revanche, au niveau national, toutes les instances ont connu alternance : la présidence, l'assemblée nationale (même au niveau régional, ça alterne !) sauf au Sénat. La conclusion s'impose en dehors de tout parti pris : le mode d'élection de cette chambre n'est pas juste.
Répondre
O
<br /> Bonjour Jérôme,<br /> Sur le point 5, au niveau local, nous sommes d'accord. Sur le plan national, vous mettez en exergue l'exemple du Sénat "encroûté à droite" pour dénoncer un mode d'élection que vous qualifiez<br /> d'injuste. Et si je suis bien votre raisonnement, ce que vous écrivez revient à dire qu'un mode d'élection qui ne permet pas l'alternance est forcément injuste. Et d'ailleurs ceux qui<br /> critiquent le mode d'élection du Sénat sont souvent les mêmes qui, de temps à autres, demandent aussi la suppression du Sénat tout simplement. Or, le Sénat a une vraie utilité. Toutes les grandes<br /> démocraties disposent d'un système bicaméral qui permet de réguler le travail du législateur. Si la 2ème chambre devait être composée à l'identique de la 1ère, elle ne servirait pas à grand chose.<br /> Et je pense qu'il est inexact d'affirmer que le Sénat a toujours été aligné sur l'éxécutif lorsque celui-ci était de droite. Gaston Monnerville, Président du Sénat lorsque le Général De Gaulle<br /> était chef de l'Etat était très loin d'être un partisan du Général. Et je rappelle que le 2ème tour de l'élection présidentielle de 1969 a opposé Georges POMPIDOU, représentant le mouvement<br /> gaulliste et donc la Droite de l'époque, et Alain POHER, Président du Sénat, représentant autre chose que la Droite. A de nombreuses reprises, alors même que l'éxécutif était à droite, le Sénat<br /> "encroûté à droite" a représenté un contre-pouvoir efficace. Il n'y a donc pas eu alternance au sens bîpartite, mais d'une façon sans doute plus subtile. C'est que la lecture que l'on doit faire de<br /> cette institution est décalée. Le Sénat représente le pays profond, son histoire, ses campagnes, ses régions. Les 36 000 communes étant majoritairement rurales, le Sénat surreprésente des<br /> zones où, il faut bien le dire, le PS et le PC ont moins travaillé ou en tous cas moins convaincu. Le jour où le PS et le PC auront davantage d'élus dans les zones rurales, peut-être alors la<br /> composition du Sénat sera modifiée. Ce n'est donc pas le mode d'élection qui est à mettre en cause dans l'apparent manque d'alternance au S2nat mais bien plutôt le relatif désintérêt de la<br /> Gauche pour le Sénat et, d'une façon plus générales, pour les zones rurales.<br /> <br /> <br />
F
Bonjour Olivier,Je viens de prendre connaissance de ta synthèse politique sur le canton Nord Ouest de Colombes. Il est très enrichissant et très intéressant. Maintenant je souhaite rebondir dans ce quartier qui est aussi populaire, il y a a des valeurs à faire émerger, mais la précédente majorité municipale l'a totalement délaissé, donc c'était du pain beni pour Philippe SARRE. Je le rappelle, il était quand même Directeur d'école de la Tour D'auvergne, ce n'est pas rien, il a su appréhendé les attentes et les désirs des con-citoyens locaux. Je me souviens que sa campagne était axée sur l'électorat populiste en faisant passer des messages de rassembleur et de pouvoir résoudre tous les problèmes d'un claquement des doigts. Mais la réalité des choses, d'après ce que j'entends, son électorat serait un brin divisé et commence à se résigner. Peut-être un brêche victorieuse pour notre droite si proche de la victoire.
Répondre
J
Ok avec les points 2, 3, 4.Concernant le point 5, ça me fait un peu rigoler. Oui, sur le fond, je suis pour une alternance des pouvoirs, car l'on constate, à gauche comme à droite, que le pouvoir prolongé conduit à des dérives (ex. du Paris chiraquien ou du Marseille deferrien). M'enfin, cette valeur d'alternance n'a pas l'air de chatouiller beaucoup la droite ni au niveau départemental (et si un jour la gauche faisait basculer la majorité du conseil général – si tant est qu'il existe encore lorsqu'une telle échéance sera possible – je ne serai pas surpris que ce soit l'occasion d'y mettre à jour les dérives du système Pasqua/Sarkozy/Devedjian...), ni, par exemple au niveau du Sénat, encrouté à droite depuis toujours.Pour le point 1, ça n'a pas l'air d'avoir trop dérangé les électeurs du canton Nord-Ouest d'avoir voté massivement pour Philippe Sarre qui avait annoncé qu'il démissionnerait de son mandat de conseiller général s'il était élu maire. Pas de chance, l'élection municipale ne coïncidait pas avec le renouvellement de la cantonale de sa circonscription. Quel dispositif inventer pour prédire l'avenir et ne pas s'engager sur un mandat qu'une ultérieure et hypothétique victoire conduirait à écarter ?! Non, sur ce point, je vous trouve un peu « politicien » et j'aimerais mieux vous entendre dire pourquoi vous n'êtes pas, vous, opposé au cumul des mandats.
Répondre
O
<br /> <br /> Bonjour Jérôme,<br /> <br /> <br /> Pour le point 5, il y a tout-de-même un principe qui est d'une valeur supérieure au principe d'alternance, c'est celui du respect de la volonté du Peuple telle qu'elle s'exprime aux différentes<br /> élections. Si l'alternance devait être automatique, à quoi serviraient donc les élections. Si la Gauche n'a pas été capable d'emporter la majorité départementale jusqu'à présent, c'est parce que<br /> le Peuple en a décidé ainsi. Et si la Gauche est moins représentée au Sénat, c'est parce qu'elle est surtout présente dans les villes et moins dans les campagnes mieux représentées dans cette<br /> 2ème Chambre. De même, si la Droite n'a jamais gagné les cantons Nord de COLOMBES, c'est parce qu'elle n'y avait pas suffisamment travaillé. J'ai la faiblesse de penser que, sur ce point, les<br /> choses peuvent changer. Mais, de toute façon, le Peuple aura toujours le dernier mot.<br /> Sur le point 1, je continue à penser que Philippe SARRE aurait très bien pu prendre une autre décision et, par exemple, attendfe l'échéance normale de 2011. Personne ne lui en aurait voulu (sauf<br /> peut-être son actuel successeur depuis avant-hier :-)). Car, mine de rien, l'organisation d'une élection coûte cher.<br /> Je ne suis pas un fou du cumul des mandats. Je pense que cette pratique est un sous-produit de maladies bien françaises que sont un embrouillaminis de centres de décision à tous les étages, une<br /> multiplication des fonctions électives sous-rémunérées, une dilution des responsabilités, une inflation bureaucratique, une décentralisation extrêmement lourde et finalement illisible. Dans ce<br /> contexte, le cumul des mandats est sans doute une pratique inconsciente de mettre de la cohérence et de l'humanité dans ce qui apparaît au plus grand nombre comme confus et opaque. Attaquons-nous<br /> à ce millefeuille institutionnel et vous verrez que cette question du cumul des mandats se résoudra d'elle-même.<br /> <br /> <br /> <br />