Crise financière : le mythe du marché coupable

Publié le par Olivier CAMPS-VAQUER

Voici plusieurs semaines que la crise financière a éclaté... Crise financière qui pourrait déboucher sur une crise économique et une crise sociale... L'affaire est grave !

En apparence, tout accuse l'économie de marché... Le fameux "marché livré à lui-même" semble devenu fou, inmaîtrisable. Et la crise semble sonner le glas de cet immense casino sans morale que représentent ces marchés financiers si compliqués et dérégulés... Quant aux différents Etats, ils sont appelés à la rescousse pour "injecter" en urgence des sommes colossales, pour faire repartir la machine... C'est à nouveau le New Deal !... Avec le marché-roi mondialisé, on croyait réunir les ingrédients d'un véritable eldorado... Ce n'était que du vent ! Aujourd'hui, tout le système capitaliste semble s'écrouler comme un chateau de cartes... 

Les experts étatiques sont formels : Le laisser-faire, c'est terminé. L'Etat (comprenez : la Raison, le Progrès, le Peuple, la Morale, le Bien...) doit revenir pour réguler, règlementer, encadrer, corriger la "jungle" et reconstruire ce que 30 ans de pagaille ultralibérale ont détruit...  L'affaire est entendue : la crise est partout et le marché est le grand coupable idéal. Vive le retour de l'Etat ! 

Inutile de prolonger ce discours caricatural... On l'entend toute la journée, à la télévision, à la radio, dans la presse écrite, partout...

Et pourtant, l'Etat (notamment américain) est présent à tous les étages de ce marché prétendûment dérégulé. Et la question se pose donc de savoir si les pompiers d'aujourd'hui n'auraient pas été un peu pyromanes dans une vie antérieure ?

Au départ, il y a les fameux  "subprimes", ces prêts accordés à des personnes dont le profil financier les place en-dessous des ratios dits prudentiels. En principe, les banques américaines n'auraient pas dû accorder ces prêts. Elles ne l'ont fait que parce qu'elles y étaient incitées voire obligées par des lois assorties de garanties étatiques visant à faciliter l'accès à la propriété de ménages à faible revenu. Le marché a donc bien été contaminé au départ par un virus d'irresponsabilité. Et ce virus avait été instillé par l'Etat américain...

Et puis, grâce à l'ingéniosité des acteurs des marchés financiers, grâce à la fluidité de ces marchés, ces créances de mauvaise qualité ont été vendues sous forme de titres divers et dispersées partout dans le monde. Le virus s'est diffusé et répandu au point que le doute a fini par gagner les esprits sur la solidité financière des établissements bancaires...

Et là, 2ème point de régulation par l'Etat : Les normes comptables imposées aux banques par l'Etat américain obligent celles-ci à enregistrer les créances (y compris donc les mauvaises créances) à tout moment à leur valeur non pas d'entrée, mais à leur valeur de marché. C'est-à-dire que à partir du moment où la valeur des titres représentatifs de ces "subprimes" s'écroule en Bourse comme cela s'est produit, l'actif des banques diminue considérablement, jusqu'à, pour certaines d'entre d'elles, devenir inférieur à leur passif, entraînant ainsi leur faillite...

Sans oublier un autre point de soi-disant "régulation" par l'Etat américain : la création monétaire. L'Etat américain est en déficit abyssal et de plus en plus endetté. La planche à dollars a donc fonctionné ces dernières années à un rythme effrené, permettant ainsi de faire financer les déficits américains par les surplus de capitaux chinois, indiens, russes ou même brésiliens... et par contrecoup de faire financer l'économie américaine avec des taux d'intérêt très bas...

Création de "subprimes", création de normes comptables fantaisistes, création monétaire débridée... Le cocktail viral d'origine étatique était en effet explosif et la crise était tout-à-fait prévisible... Le marché a bon dos... Et les différents Etats, ces organismes dépensiers, endettés jusqu'au cou, prompts à donner des leçons de morale à tout-le-monde feraient mieux de s'interroger sur la responsabilité écrasante qui est la leur dans l'éclosion de cette crise...

Les Etats parlent aujourd'hui de réguler le marché... Mais au fait, qui régule les Etats ?
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